La terre est bleue comme une orange

Voila un pays envoutant a la rencontre duquel nous retournons chaque fois plein d’excitation.
Debut janvier, c’est a Hanoi que nous avons pose nos bagages le lendemain de notre retour de France. Y’a-t-il parmi vous le raleur type que le bruit du camion poubelle a 5 heures reveille et met de mauvaise humeur, celui que le bruit du scooter lancé un peu trop rapidement au démarrage agace, celui que les klaxons intempestifs rendent agressifs et bien Hanoi ce sont touts ces bruits multiplies par un nombre de vehicules a peine imaginable et qui ne cessent jamais durant le jour et s’apaisent a peine la nuit…ca grouille…impossible de traverser si l’on ne s’est pas convaincu que ce n’est pas a nous d’eviter les vehicules, qu’il faut foncer droit devant et laisser velos, scooters, voitures, camions et monticules a roulettes de toute sorte vous eviter…une fois que l’on a fait sien ce precepte, on peut se balader en ville et profiter du charme surranne de cette ville en pleine ebullition…oui je sais surranne et ebullition ne vont pas ensemble mais pourtant c’est ca…des batiments coloniaux desuets cotoient les dernieres realisations architecturales toujours inspirees du modele stalinien…impossible de faire plus de 50 pas sans rencontrer un drapeau rouge ou de lever les yeux sans tomber sur des affiches de propagande d’un autre temps. On est pris de sentiments contradictoires…entre le cliche de ces magnifiques vietnamiennes au port haltier sur leur velo coiffees de l’indemodable chapeau connique et les jeunes militaires dont la mission est de gratifier le passant d’un regard noir comme pour se convaincre que la puissance de l’Etat peut faire tressaillir tout le monde….
Enfin, un des plaisirs de Hanoi, ce sont ces galeries de peinture…pour des raisons qui m’echappent il semble que le Vietnam donne naissance a des peintres reconnus et il se trouve que lors de mes interminables promenades a pied je suis tombee sur mon coup de cœur, Le thiet Cuong…que je me suis empressee de faire decouvrir a Stephane une fois son meeting termine. Par chance il aime aussi…reste que ca ne pouvait pas etre aussi simple…a deux doigts d’acheter notre premiere petite œuvre d’art (je veux dire quelque chose qui a un peu plus de valeur que les reproductions des toiles de Matisse chez Ikea)…on arrive pas a se mettre d’accord sur le tableau…on est bien d’accord qu’il faut qu’on soit d’accord sur l’oeuvre c’est deja ca…du coup ce sera pour une autre fois…on doit rejoindre Sylvain et un de ses copains a la gare pour une escapade encore plus au nord dans la region de Sapa.
On finit par se retrouver a 30 secondes du depart du train et nous voila installes dans nos couchettes, partis vers 3 jours de pur bonheur. Sylvain nous a organise l’ascension du Fansipan, 3200 metres, le plus haut sommet du Vietnam. Deux jours de rando memorables avec une descente dont on se souviendra longtemps…merci aux Hmongs qui nous ont accompagne armes de leurs sandalettes…nous ont prepare de delicieux repas et fini par porter nos sacs a Steph et moi en plus de tout le materiel ! La fin du sentier nous a meme fait atterir en plein milieu d’une communauté Hmong rassemblee pour un enterrement, les enfants rognent goulûment les os de buffle, les plus vieux s’étourdissent à l’alcool de riz…ils vivent dans le dénuement et les Vietnamiens entendent bien maintenir les minorités dans cet état de pauvreté.
Pour ne pas laisser nos jambes s’engourdir apres ce petit effort physique, nous voila de nouveau sur les sentiers mais en moto et pas n’importe lesquelles…2 magnifiques Minsk qui sont aux 2 roues ce qu’est le topolev a l’aviation…forcement l’une tombe en panne et c’est l’occasion de mesurer la gentillesse des Vietnamiens, pas un qui ne s’arrêtent pour nous donner un coup de main…et toute la journée, Hmong bleus, Dao, Tay nous preteront main forte dans notre rally comme ces deux femmes qui nous confectionnent un pont improvisé avec une planche de bois pour franchir un ravin (une bonne idée de Sylvain, ce franchissement, qui a manqué d’y laisser son scooter…et oui le bougre, il les connaissait lui les Minsk et avait opte pour un plan B)…
Je manque de vocabulaire pour vous decrire les paysages que l'on decouvre a chaque virage de ces petits sentiers boueux...la nature fait des merveilles et quelle chance de pouvoir les contempler.
Le Vietnam n’a pas une excellente réputation, beaucoup s’y cassent les dents, trouvent la population dure, les expats ne sont pas tendres envers le pays…pourtant chaque expérience aura été l’occasion de nous prouver combien accueillant est ce pays des que l’on s’y perd un peu…et comment ne serait il pas inoubliable de se perdre dans ces infinis de rizières en terrasses….incomparable le Vietnam !
Merci Sylvain
Lors de notre second sejour a Hanoi, j'accompagnais Steph pour le WE et lui resterait pour diriger une formation plus au Nord dans la region; il a helas du m'abandonner prematurement pour partir en meeting le dimanche...alors meme que j'avais peaufine ma tactique de persuasion pour notre fameux achat de tableau depuis des jours...il faudra revenir...Bref me retrouvant seule apres que nous ayions passe le samedi a vagabonder dans Hanoi a velo (une vraie gageure), je decidai d'aller visiter le mausolee d'Ho Chi Minh...c'est un incontournable d'Hanoi, un peu comme le Louvre a Paris :)
Me voila dans une queue interminable, premier poste de controle, on me depouille sans un sourire de mon appareil photo (a la rigueur), de mon portable (les ondes indisposent surement les morts, passe encore), et de ma bouteille d'eau (la, ils me gonflent)...enfin c'est le reglement. Ensuite des militaires jalonnent le parcours...il semble que mon sac ait la faveur de ces braves jeunes gens...50 metres apres le poste de controle, un militaire toujours aussi aimable me demande de sortir de la ligne de queue, d'ouvrir mon sac en me gratifiant de ce que je devine comme etant des questions: mobile? camera?...et bein non gros malin puisque je viens de passer le poste de controle y'a 5 minutes ou l'on m'a tout confisque, d'ailleurs tu l'as suremnt vu toi meme et c'est le reglement donc...50 autres metres plus loin, quelle joie, nouvel arret, meme topo (ils oublient de demander pour l'eau, on a du oublier de leur apprendre water!)...ca commence a m'agacer...c'est une espece de mise en scene pour intimider, faire sentir l'autorite et s'illusionnent ils peut etre la grandeur du regime...! Trop envie de lui dire que pour ca il faudrait que le regime degage un budget couturiere pour faire les ourlets a leurs pantalons et recousent leurs boutons peints en dore qui baissent la tete! oui oui c'est petit mais je vous assure c'est tres agacant...apres un dernier controle, j'arrive enfin dans la petite piece ou se trouve le corps...qu'est ce que je fais la??? d'abord c'est la premiere fois que je vois un mort, ensuite je me sens idiote d'etre venue servir la soupe au regime, faire la queue pour voir ce petit personnage ridicule qui a peut etre libere son pays du joug des puissances exterieures mais pour mieux etouffer la population dont il a eradique toutes les forces vives. Ca y est je suis en colere! je n'irai donc pas c'est decide donner quelques sous de plus au musee d'Ho Chi Minh pour avoir droit une fois encore a une belle tranche de propagande. Apres avoir fait une nouvelle fois la queue pour recuperer ce qu'on m'avait confisque...je me rends a la sortie mais la non aujourd'hui il n'est pas possible d'emprunter la sortie car il y a le congres du parti! Y'a une camera, c'est une farce...non, il faut passer par le parc ou se trouve la maison d'Ho Chi Minh et d'autes trucs sans interet, en outre c'est payant...moi je commence a etouffer, je veux juste sortir, zut a la fin...et bien non, il me faut emprunter un chemin bien trace qui parcourt le parc a 2 a l'heure car c'est bonde, avant tout de gens qui viennent en pelerinage chez l'oncle Ho...j'atteins enfin une porte de sortie, liberation!
Pour decolerer, je traverse la ville a pied...a la recherche de bon vieux magazines de chez moi avec des filles a poil sur du papier glace, des articles qui tournent Chirac en derision, ou des caricatures de Jesus en train d'embrasser gouluement une bimbo...